le coût d' un ji-nashi supérieur
A priori un ji-nashi, un bambou dont on abrase simplement les nœuds et perce ,
devrait coûter moins cher qu'un ji-ari...? Or ce n'est pas toujours le cas: quelles en sont les raisons?
la quasi-totalité des ji-nashis sont des Nobekan, d'une seule pièce sans joint; plusieurs raisons justifient leurs coûts:
j'ai récolté à ce jour plusieurs centaines de bambous avec racines-en France- et à l'instar d'autres fabricants de ji-nashis sur cette quantité à peine quelques dizaines d'entre eux ont produis d'excellents ji-nashis - quelques autres des instruments corrects - le reste (+ de la moitié) a été donné, recyclé à d'autres usages..ou jeté. Au fur et à mesure des récoltes je connais mieux les bons bambous - je récolte principalement des Phyllostachys bambousoides viriglaucuscen et violecent, parfois des nigras et des nigras boryana - et avec 7 ans d’expériences et une quinzaine de lieux de récoltes je distingue mieux aujourd'hui ceux qui pourraient avoir les qualités requises..mais tout ceci demande du temps, de la patience, des erreurs et..du courage:
- pour trouver les bons endroits avec les bons bambous
- pour les récolter: il faut de 15 mn à 40 mn de travail très physique pour déterrer, couper les racines sans abîmer le bambou, au moins autant pour se rendre sur place, encore autant pour les nettoyer/apprêter , encore autant pour les brûler/faire sécher etc... bref en moyenne deux/trois heures par pied avant d'attendre..minimum deux ans pour commencer le travail!
- j'ai récemment travaillé un Madaké japonnais très sec (10 ans) récolté pour être initialement un ji-ari:
il ressemble étonnamment à bon nombre des bambous dont j'ai fais des ji-nashis moyens mais pas idéals : un conduit lisse et rapide mais ouvert , c'est ce dont on a besoin si on rajoute du ji pour façonner , mais pas pour un bon ji-nashi . Ceux là sont rares surtout dans les tailles courtes-1.8/1.6-: j'ai ainsi produis quelques dizaines de ji-nashis d’exception entre 1.6 et 3.5...
- les bambous que je cherche sont épais, ne poussent souvent pas trop près de l'eau et ont des conduis plus étroits que ceux destinés aux ji-aris... ajouter à cela ceux qui fendront, ceux qui n'ont pas les bons placements de nœuds, les trop communs ou trop moches...autant dire qu'ils sont rares!
-le travail s'il parait plus simple que sur un ji-ari ne l'est pas forcément:
travailler sur toute la longueur demande plus de temps pour abraser, ne pas abîmer le conduit, le polir finement, ne pas trop ouvrir le bas , abraser que ce qui est nécessaire..et percer aux bons endroits avec des cotes fluctuantes- en fonction de l'épaisseur du bambou , de sa forme exacte, de sa longueur etc...- donc nécessairement plus aléatoires que sur un ji-ari; On doit travailler plus lentement, élargir plus doucement etc.. au final il faudra peut-être autant de temps passé à respecter un bambou qu'a le contraindre à une norme idéale: impensable, iconoclaste..? non! regardez au japon: les bons ji-nashis coûtent souvent aussi chers que les ji-aris!
Un ji-nashi d’exception est un peu comme un ji-ari naturel : un Graal forcément rare et "ce qui est rare est cher " d'autant que sur les longs modèles - à partir de 2.4- les résultats en précision, puissance et jouabilité peuvent égaler voir dépasser ceux de bon nombre de ji-aris. Avec en sus un grain sonore forcément encore plus unique...
Mai 2020 Jean-luc P
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